Geneviève Dufour

Pour l’avant-dernière semaine des résidences de 2019, nous avons reçu Geneviève Dufour.

La jeune écrivaine de Québec a travaillé sur un recueil de poésies traitant de la problématique de la santé mentale.

Fervente adepte du mot effervescence, Geneviève aspire à faire bouillonner les esprits et à rejoindre l’universalité de l’expérience humaine avec des poèmes inspirés de son vécu et de ses délires semi-contrôlés. Étudiante au certificat en création littéraire à l’Université Laval, elle travaille à l’écriture de son premier recueil de poésie explorant le thème de la vulnérabilité.

Elle s’implique dans diverses organisations littéraires de Québec, notamment le Simili-festival, le Cercle d’écriture de l’Université Laval et la Diffusion Spoken Word Québec. Elle compte à son actif quelques humbles publications, notamment dans la revue Cavale, au Crachoir de Flaubert et dans les recueils 2017 et 2019 du Marathon d’écriture de Québec.

ici les arbres

sont plus hauts que les églises

 

ici les arbres

sont plus hauts que les églises

ici la rivière

pénètre les logis

 

ici au moins

les soldats ne me trouveront pas

ici

 

je ne risque plus

 

*

j’aurais envie

à ce moment précis

de déserter         désherber

me laisser tomber

 

choir dans un petit nid

de lianes

entrecroisées

 

les abeilles

 

ne focusser que sur les abeilles

sur le battement

de leur pouls

et du mien

 

*

je me déchiquète

comme un pissenlit

devant la psychologue

 

je suis nombreuse

 

petits vertiges dispersés

sur les terrains de baseball

 

*

jamais je n’aurais cru

à ma joue

parsemée d’hirondelles

 

bientôt

on devra faire mon portrait

 

*

je flotte en brume

ruisselle sur les jours qui passent

 

on me récupère        enrhumée

dans les gouttières

 

*

la peur du cubicule m’érode

comme les roches plates qu’on lance au lac

qu’on espère voir ricocher

 

37,5 heures par semaine

ça vous va?

 

à voix haute je réponds oui madame

 

dans ma tête je réponds non madame c’est impossible

j’ignore être machine  

je mourrai à grand feu 

 

m’effondrerai dans vos bras

à la fin de chaque journée

 

*

je ne pourrai jamais aller sur la Lune

 

je fais partie des gens conditionnels

ceux qui comptent les secondes

entre les coups de tonnerre

 

je suis un cas

une donnée mathématique

 

dites-moi

 

comptez-vous

me jeter à la déchiqueteuse

après votre étude

 

*

prendre l’île d’orléans au creux de ma main

souffler gentiment

récupérer ses habitants

 

la conserver dans ma poche

pour mes angoisses

 

une petite maison pour mes angoisses

 

Extrait de “je me réclame du vertige”

Retrouvez le travail de Geneviève Dufour ici :

Ecrit par Nouaisons

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