Ne vous leurrez donc pas, amis, l’humanité trop tôt vous rattrapera, vous inondera, vous fera dire « Aimes-moi! Tues-moi! Tout sauf la vie! »

1. Ne vous leurrez donc pas, amis, l’humanité trop tôt vous rattrapera, vous inondera, vous fera dire « Aimes-moi! Tues-moi! Tout sauf la vie! », mais comme vous êtes beaux dans votre désespoir, balourds! Le désespoir, c’est comme de l’espoir qui se serait habillé pour les grands jours. Vous êtes ces vieux manouches qui, parfois, jouent sur des routes de terre battue le seul air qu’ils savent au violon, vêtus toute l’année de leur plus bel et unique habit. Une dignité vous rive aux yeux qui ne regardent pas. Nombre d’heures divorcent d’avec l’horloge et se posent sur les mains qui naguère les narguaient, entre autres nous serons abîmés par tout ce qui se chérit du fond de soi jusque au corps. Cependant, cette dignité-là prend plaisir à déshabiller de sa pudeur notre foi pataude, magnifique.

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2. Je me suis vaillamment passé de l’iridescent parfum de ton sexe charnu

Comme l’oiselle du nid plein de ses oisillons pépiants

Me laisseras-tu t’assouvir? 

Je suis celui qui oeuvre

Je te harnacherai au socle d’un constant embrasement

Et tu t’enfuiras, ailée, par chacun de tes pores

Perverse et sans pitié

Je te vaincrai pour te rejoindre

Beauté

Là où nous sommes la même île

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3. Pourquoi mater la nuit d’une chape si claire?

Les merveilles obscures aux feux des réverbères

Ravissent mon veto et me poussent au crime :

Je veux que naisse en tous cette ferveur sublime

Qu’éprouve dans le noir la fée ou le hibou

Il faut quand le soir choie le vivre jusqu’au bout

Et si quelque lueur pour les mieux révéler

Devait percer ces ombres d’un faisceau bleuté

Ce seraient les étoiles ou la lune superbe

Un instant descendue s’agenouiller dans l’herbe

Si nos zélés castors, architectes des bois

Prenaient goût au métal, devenaient citadins

Détournaient le flot gris des bagnoles aux abois

Et des fleuves roulants du métropolitain 

Faisaient stagner le cours en un champêtre lac

Je saluerais bien bas les rongeurs allochtones

Pour avoir amuï l’oppressant entrelacs

Du trafic et qu’un geai paisiblement entonne

Son chant d’indolence

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